WEDDING NIGHTMARE - UN MARIAGE ET QUATRE ENTERREMENTS

Alors que Blumhouse s’impose en maître incontesté sur le box-office horrifique depuis maintenant près d'une bonne décennie, bon nombre de ses concurrents auront essayé de capitaliser sur son succès en se réappropriant, avec plus ou moins de réussite, la recette soi-disant miracle du studio. Wedding Nightmare naît donc de ce désir de la Fox Searchlight, tout du moins avant son rachat par l’empire Disney, de marcher sur les plates bandes du désormais tout-puissant Jason Blum en jouant sur son propre terrain de jeu.

Doté d’un pitch en béton armé et ô combien prometteur, à savoir une jeune mariée enrôlée de force dans une partie de cache-cache qui va virer à la chasse à l’homme en guise de nuit de noces chez sa belle-famille, le résultat final est malheureusement loin, très loin d’atteindre le potentiel pourtant dingue d'un tel concept. Car par delà l’idée de base, c’est bien le développement de celle-ci qui souffre d’un cruel manque de traitement et d’audace, faisant perdre au film tout le mordant qu’on aurait été en droit d'attendre. Un profond sentiment de frustration se crée alors et ne quittera jamais vraiment nos esprits tant on a le sentiment que le film lui-même semble ne pas savoir vers quel registre s'installer, voguant maladroitement entre le pur défouloir gore et le thriller social critique sur la lutte des classes et la condition féminine au sein du mariage.


Une dualité de ton qui se ressent surtout dans la manière dont nous est dépeinte la belle-famille de Grace, notre héroïne. Alors que celle-ci nous est montrée comme une dynastie noble et aux coutumes très éloignées de celles de Grace, à aucun moment le film ne prend la peine d’explorer intelligemment cet aspect, préférant plutôt enchaîner les punchlines pas franchement très subtiles sur les classes supérieures. On peut même dire de manière générale que c’est justement cette volonté de rendre n’importe quel élément du film « cool » qui le dessert le plus le long-métrage dans la globalité, tant elle nous sort de l’intrigue et met en lumière le peu de soin accordé aux dialogues, et plus particulièrement ceux censés relever du fore-shadowing. Si l’idée est d’y apporter un esprit « sale gosse », que l’on retrouve notamment au détour de certains éclats gores assez réussis et réjouissants à voir sur grand écran, cela n’excuse pas la manière dont ces fulgurances sont jetées en pâture au spectateur sans véritable justification ni même réflexion au préalable sur leur raison d’être, chaque membre de cette famille de chasseurs improvisés ne devenant au fil du récit que de la chair à décimer, là où le premier acte faisait l'effort de nous faire créer de l’empathie pour ces derniers.

Néanmoins, malgré ces problèmes de narration qui parasitent le récit, un seul élément sauve Wedding Nightmare du plantage : Samara Weaving. Adoratrice du genre horrifique que l’on a déjà pu apercevoir dans The Babysitter de McG ou encore dans la série Ash vs Evil Dead, l’actrice porte le film à elle-seule tant elle s’autorise un laisser aller à la hauteur de la valeur cathartique de l’ensemble, bien que frôlant parfois de près le too-much, notamment au cours de cette scène de confrontation finale au dénouement, là encore, étrangement creux. Nul doute qu’avec un tel rôle, qui offre notamment l’idée cosplay idéale pour votre prochain Halloween, Samara Weaving s’impose définitivement comme une scream-queen à suivre, statut que Guns Akimbo et Bill & Ted Face The Music devraient confirmer sans aucun problème.


A l’instar des innombrables (et vite insupportables) « fuck » déclamés par les personnages à un débit encore plus soutenu qu’un South Park : Le Film, Wedding Nightmare est l’exemple du film qui cherche à bien trop en faire dans sa débauche d’effets chocs, sans toutefois penser à la cohérence et à la tenue de son intrigue en premier lieu. Si la performance de Samara Weaving apporte assurément un certain degré de sympathie pour l’œuvre, elle ne suffit pas à camoufler une narration grotesque, dont on ne retient que quelques excentricités plaisantes mais malheureusement souvent gâchées par une mise en scène sans magie. A croire que seul Lars Von Trier est habilité à mettre en scène des mariages qui tournent mal comme il se doit, où va le monde...



WEEDING NIGHTMARE

Réalisé par Tyler Gillett & Matt Bettinelli-Olpin

Ecrit par Guy Busick & R. Christopher Murphy

Avec Samara Weaving, Adam Brody, Mark O'Brien, Henry Czerny, AndieMacDoell...

Monteur : Terel Gibson

Directeur de la Photographie : Brett Jutkiewicz

Durée : 1h35

Sorti dans les salles françaises le 28 août 2019

INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS

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