ÉTRANGE ANNIVERSAIRE L'ÉTRANGE #9 - COMPLEXE(S) D’ŒDIPE

Pour la deuxième année consécutive, D'un Écran à l'Autre est heureux de couvrir L'Étrange Festival situé au Forum des Images, du 4 au 15 septembre prochain. Pour son 25ème anniversaire, le festival offre l'une de ses programmations les plus ambitieuses, entre ses pas moins de vingt-cinq cartes blanches laissées à des artistes audiovisuels, ou encore une compétition internationale garnie de nombreuses premières françaises. Au programme aujourd'hui : un père aux allures violentes, une mère un peu trop possessive et un village pas si accueillant. Vous trouvez ça étrange ? Non ? Attendez un peu...




COME TO DADDY, Ant Timpson, 2019 : Elijah Wood dans le premier film d'un des producteurs phares du cinéma d'horreur indépendant américain, à qui l'on doit notamment ABCs of Death ou The Greasy Strangler ? Le postulat à de quoi taper dans l’œil. Mais quelle n'est pas notre déception à notre découverte de ce Come To Daddy, dont l'échec est aussi incompréhensible que sa structure bancale.



Débutant sur un jeune homme retrouvant son père après 30 ans d'absence après que ce dernier lui ai envoyé une lettre l'invitant à des retrouvailles comme il se doit, Come To Daddy débute d'abord avec une sobriété plutôt charmante, le film prenant son temps à développer la relation amour/haine entre un fils dépassé et un père alcoolique dont les véritables intentions restent floues. Mais alors qu'un premier élément imprévu vient relancer l'intrigue vers des contrées intrigantes, Ant Timpson décide de s'auto-saboter en rendant sa propre intrigue totalement stupide, facile et surtout, terriblement beauf. Un revirement incompréhensible qui abandonne sa dualité touchante de base pour des blagues en dessous de la ceinture, ruinant entièrement tout le potentiel du film de l'intérieur de manière tragique. Un vrai gâchis. -TR

COME TO DADDY sera rediffusé au Forum des Images le 14 septembre prochain, à 22h. Plus d'infos sur le film sur le site du Forum des Images indiqué ci-dessous. Aucune date de sortie française n'est encore prévue pour ce film.


SANTA SANGRE, Alejandro Jodorowsky, 1989 : Si nous n'avons point pu assister à la projection vraisemblablement unique au monde du Voleur d'Arc-En-Ciel dans sa version director's cut, nous avons toutefois pu nous rattraper avec la rediffusion d'une de ses oeuvres les plus célébrées, présentées une fois de plus par le maître Jodorowsky, décidément plus qu'à l'honneur en cette 25ème édition. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Santa Sangre surprend énormément de part sa narration mais également son mélange des genres assez risqué sur le papier mais qui fonctionne merveilleusement bien à l'écran. Mêlant univers de cirque, histoire d'amour perdu et giallo (le film étant produit par le frère de Dario Argento), ce curieux melting-pot apporte au film toute sa singularité et lui offre un univers visuel fascinant à observer, sachant toujours doser avec ingéniosité ses instants purement ésotériques avec d'autres bien plus grandiloquents, notamment lors de meurtres à la violence visuelle digne des meilleures productions transalpines du style.


Si l'on peut néanmoins apporter un léger reproche à Santa Sangre, cela serait dans sa narration parfois un peu trop ronronnante, notamment durant sa première partie, qui tend à desservir la force de sa seconde moitié aux premiers abords. Fort heureusement, la force émotionnelle dépeinte dans cette dernière rattrape vite ces baisses de régimes, tant on est charmés par l'univers de l'ensemble, tout particulièrement grâce à une bande-originale entêtante signée Simon Boswell. A rattraper sans aucune hésitation. -TR



RÉINCARNATIONS, Gary Sherman, 1981 : Pour cette dernière séance-carte blanche du charismatique Jean-Pierre Dionnet, on peut dire que ce dernier et le programmateur en chef Frédéric Temps n'auront pas manqué de superlatifs pour décrire ce film typiquement 80s. "Probablement un des meilleurs films d'horreur tout court", "un script terrifiant écrit par un Dan O'Bannon en plein folie morbide", et on en passe... Sauf que non, Réincarnations est tout de même loin, bien loin, de toutes ces critiques élogieuses et légèrement exagérées. 

Mais cela ne signifie pas que le film est mauvais pour autant. Créé par tout un tas de noms qui deviendront majeur dans le cinéma d'horreur des années 80 (dont un Stan Winston débutant tout juste dans les effets visuels), le film de Gary Sherman se démarque surtout par son concept bien senti (des habitants d'une petite ville de bord de mer tuant des visiteurs pour en faire des résidents mort-vivants), ses quelques effets gore qui font mal comme il faut mais également son atmosphère plutôt angoissante et qui préfigurera énormément de films de cette période. On passera volontiers sur ses nombreuses longueurs et ses acteurs qui en font des caisses, qui rendent le film bien imparfait mais qui lui apporte un côté touchant, typique des curiosités habituelles de notre cher Dionnet. Décevant ? Pas totalement. Survendu ? Assurément. -TR




C'est tout pour aujourd'hui au Forum des Images... Mais ce n'est pas tout pour ces dix jours, on se retrouve dès demain pour de nouvelles aventures ! Si, par la force ou en dépit des critiques, vous aimeriez plonger dans l'Étrange durant cette dizaine d'après-midis, le planning des séances ainsi que les tarifs sont présents à cette adresse: https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/etrange-festival-2019, ou directement sur place, au Forum des Images ! A bientôt sur le site...

Commentaires