ÉTRANGE ANNIVERSAIRE L'ÉTRANGE #4 - BORN TO BE PORK

Pour la deuxième année consécutive, D'un Écran à l'Autre est heureux de couvrir L'Étrange Festival situé au Forum des Images, du 4 au 15 septembre prochain. Pour son 25ème anniversaire, le festival offre l'une de ses programmations les plus ambitieuses, entre ses pas moins de vingt-cinq cartes blanches laissées à des artistes audiovisuels, ou encore une compétition internationale garnie de nombreuses premières françaises. Et au programme d'aujourd'hui: une invasion, une disparition, des morts, à domicile comme à l'extérieur. Vous trouvez ça étrange ? Non ? Attendez un peu...




SATAN'S SADISTS, Al Adamson, 1969 : Afin de compléter la diffusion du documentaire dédié à son piètre mais passionnant réalisateur Al Adamson, L'Étrange Festival a eu la riche idée de programmer dans le même temps l'un de ses films les plus populaires, ou tout du moins celui qui aura eu le plus gros retentissement à l'époque de sa sortie : Satan's Sadists. Capitalisant sur le genre des films de bikers, dont Easy Rider avait été l'un des fers de lance à l'époque deux ans plus tôt, cette confrontation entre un jeune militaire fuyant une troupe de motards sans foi ni loi est aussi bâclée artistiquement qu'elle est passionnante dans son contexte culturel. Outre le fait d'avoir été le film où Al Adamson rencontra celle qui devint plus tard sa femme, et qui joue ici l'une des membres des motards, force est d'admettre que l'on ressent tout au long du film l'influence que son esthétique et son atmosphère a pu apporter au cinéma de Quentin Tarantino, et tout particulièrement à l'univers de Boulevard de la Mort.

Loin, très loin d'être un film inoubliable, Satan's Sadists se regarde tout de même avec une curiosité amusée, qui nous transporte vers la lointaine époque des grindhouse-movies à la qualité discutable mais dont l'ambiance fauchée et provocatrice typique des années 60 donne tout le charme à l'ensemble. A ne réserver qu'aux plus acharné.es donc, qui souhaiteraient poursuivre l'expérience Al Adamson comme il se doit. -TR





FURIE, Olivier Abbou, 2019 : Qu'importe l'avis de certains cyniques, le cinéma de genre français se porte bien. Si sa reconnaissance publique est encore à travailler (et ne sera peut-être jamais atteinte), l'année 2019 a déjà connu un certain nombre de propositions originales qui montrent bel-et-bien l'envie de proposer quelque chose de neuf. Furie vient donc s'ajouter à cette longue liste, mais pas de la manière dont on s'y attend à première vue. Alors que ses premiers aperçus et son histoire laissaient présager un "home-invasion inversé" très proche de la désormais célèbre New French Extremity, le second long-métrage de Olivier Abbou s'inscrit finalement dans le registre du thriller social et psychologique, sans toutefois négliger une petite dose d'ultra-violence au passage.



Malheureusement, si ce postulat d'abord surprenant réussit à nous séduire durant toute la première moitié du film, on finit par décrocher peu à peu de son histoire qui manque cruellement de subtilité dans les problématiques qu'il cherche à mettre en lumière. Pourtant porté par une très belle photographie ainsi qu'une réalisation souvent inventive, on finit par avoir le sentiment que le film semble ne plus trop savoir vers où se diriger à force de trop se prendre au sérieux, tout particulièrement au cours de son climax de fin d'une violence assez extrême mais dont on aurait finalement souhaité en voir plus sur le reste du film.



Sans être un mauvais film, loin de là, Furie laisse une impression quelque peu mitigée, comme si à trop vouloir en faire, le film aura finalement fini par se perdre lui-même dans ses explorations sociales. Une petite déception mais qui mérite tout de même votre soutien, ne serait-ce que pour son casting convainquant. -TR.




On ne le dira jamais assez, les intentions n'ont jamais fait à elles seules un bon film. Furie, renommé de manière maligne Get In pour l'international, part d'un postulat alléchant, à savoir un "home-reinvasion", où un couple veut retrouver sa maison prise par leur baby-sitter et son mari. Des idées, le film en a. De la mise en scène, aussi. Le vrai souci général de ce film, est son incapacité de transcender ne serait-ce qu'une seule de ses petites idées, restées au stade de l'anecdote. Difficile, à la fin, de retenir ce dont le film parle véritablement, parce que lui-même donne la sensation de ne pas vraiment le savoir. 

Ajoutons à cela la faiblesse générale du casting (Adama Niane en premier lieu), plus drôle que terrifiant, et un surplus de scènes faisant plus office de remplissage qu'approfondissement de la folie du protagoniste, et l'on se retrouve avec un long-métrage progressivement incompréhensible, aux élans fantastiques racoleurs, qui perdent en intensité à force de s'enfoncer dans le too-much. Il y avait à faire, le film l'a bien saisi; mais il semble n'avoir pas su prendre par le bon bout ses thématiques une fois l'exécution souhaitée. -TB.


FURIE sera rediffusé au Forum des Images le 15 septembre prochain, à 16h45. Plus d'infos sur le film sur le site du Forum des Images indiqué ci-dessous. La sortie nationale du film est prévue pour le 23 octobre 2019.




THE WRETCHED, Brett Pierce & Drew T. Pierce, 2019 : Parfois, il nous en faut peu à un film pour nous enthousiasmer. Des personnages attachants, un univers accrocheur, une menace angoissante, des instants de frayeurs travaillés et bien pensés, un soupçon de fun pour compléter le tout... Par chance, The Wretched remplit toutes ces cases et accomplit sa mission de la meilleure des manières. Reprenant une structure narrative finalement très proche des films d'horreurs des années 80, comme il en est de coutume depuis déjà un moment, le long-métrage des frères Pierce a néanmoins la justesse de ne pas en récupérer le cynisme propre au fan-service et décident au contraire de créer un tout nouvel univers qui leur est propre, sans être parasité par de la synthwave à gogo, des néons dans tous les sens ou encore des posters de films omniprésents. Par ce biais, The Wretched sait parfaitement à qui il s'adresse et s'amuse donc, plutôt qu'à enchaîner les références, à détourner les clichés du genre et ainsi jouer avec nos attentes préconçues.

Partant d'une histoire banale de jeune garçon un peu looser devant combattre une créature des bois similaire à The Rake, qui vole les jeunes enfants du quartier et peut prendre possession de n'importe quelle femme, The Wretched est un pur délice de frayeur intelligent et qui se permet de rigoler de lui-même plus d'une fois, tout en se permettant d'aller frontalement au bout de son concept, avec son lot d'idées sombres et d'images bien sanguinolentes à la clé. Un pur plaisir de série-B, très certainement réservé à un public de festival restreint mais qui déborde d'efficacité et d'inventivité dans ce qu'il entreprend. Reste plus qu'à prier pour que les frère Pierce ne se retrouvent pas embrigadés dans un futur épisode de la saga Conjuring comme un bon nombre de leurs confrères... -TR.

THE WRETCHED sera rediffusé au Forum des Images le 12 septembre prochain, à 14h30. Plus d'infos sur le film sur le site du Forum des Images indiqué ci-dessous. Aucune date de sortie française n'est encore prévue pour ce film.




C'est tout pour aujourd'hui au Forum des Images... Mais ce n'est pas tout pour ces dix jours, on se retrouve dès demain pour de nouvelles aventures ! Si, par la force ou en dépit des critiques, vous aimeriez plonger dans l'Étrange durant cette dizaine d'après-midis, le planning des séances ainsi que les tarifs sont présents à cette adresse: https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/etrange-festival-2019, ou directement sur place, au Forum des Images ! A bientôt sur le site...

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