UN JOUR ÉTRANGE #3 - DE L'IMPLANT MAMMAIRE QUI CRACHE DU FLUIDE VERDÂTRE

Chaque jour du 5 au 16 septembre, D'un Ecran à l'Autre fait un point sur les différents films présentés hors et en compétition, à l'occasion de la vingt-quatrième édition de l'Etrange Festival. Au programme aujourd'hui: un footballeur qui joue avec des chiots et des meurtres à coup de pénis. Ça vous semble étrange ? Tant mieux.




LE SUUUUUUUUU DU JOUR: DIAMANTINO, Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt, 2018




Grand Prix (!) de la Semaine de la Critique au festival de Cannes cette année (!!!!), Diamantino est un film qui déroute plus qu'il convainc en sortant de la salle. Compliqué de parler à brûle-pourpoint d'une comédie aussi dense, dont les péripéties fantastiques dérivent progressivement du postulat initial très terre-à-terre. Alliage complètement barré entre la comédie romantique, la comédie potache, la satire sociale, le drame sur l'affirmation de soi, le thriller influencé par les James Bond des années 1970, le film navigue un peu au milieu de tout sans pour autant perdre de vue ce qu'il souhaite raconter de son personnage principal au demeurant idiot. Si Diamantino a comme défaut à première vue de prendre son protagoniste, qui ressemble étrangement à Cristiano Ronaldo, pour un idiot dont il faut se moquer comme un Derek Zoolander, les réalisateurs et scénaristes vont plus loin en ne parlant pas de l'homme mais du concept d'homme-sandwich. Le footballeur est devenu un personnage public, un être de chair publicitaire, à la merci du public qui le rend malléable, en pense ce qu'il veut et en fait ce qu'il veut. C'est là où la comparaison Diamantino/"CR7" trouve son sens, puisque ce dernier a toujours été à mi-chemin entre le footballeur hors pair, et la personnalité dont les gens se questionnent toujours sur son orientation sexuelle en raison de son culte pour son propre physique. Si Diamantino n'arrive pas à penser par lui-même dans le film, et donc qu'il est de facto idiot, c'est parce qu'il est conditionné par les gens qui gravitent autour de lui, comme s'il n'était qu'un véhicule conditionné. Le long-métrage critique aussi le virilisme, par la prise d'hormones continue qui féminise et romantise l'atmosphère par la même occasion, sorte de contrepoint au culturisme dont ces mêmes protéines modifiées sont vecteurs de virilisme. En clair, touche-à-tout mais toujours rondement mené et très drôle, Diamantino réveille d'abord chaque débile qui sommeille en nous avant de questionner la persona même de la personnalité médiatique. Un étrange mélange qui risque d'en surprendre plus d'un.

LA NOTE DE TANGUY


4 PERSONNAGES QUI ONT UN CUL A LA PLACE DE LA TÊTE/5




SORTIE SALLES PRÉVUE LE 28 NOVEMBRE PROCHAIN.


LE SURRÉALISME DU JOUR: MEURS, MONSTRE, MEURS, Alejandro Fadel, 2018




Lu aussi présenté à Cannes cette année, financé en partie par la région Nouvelle-Aquitaine, le film chilien Meurs, Monstre, Meurs, a un problème qui naît de son dernier acte qui pressent une peur de la part du réalisateur de ne pas rester vague sur le questionnement de son propre monstre. C'était pourtant extrêmement bien parti, puisque Alejandro Fadel, réalisateur du film, interroge habilement la masculinité vénale, dont le traitement faussement unidimensionnel rappelle les violences physiques ou morales qu'ils commettent. Toujours un peu grossier lorsqu'il déroule son traitement surréaliste, Meurs, Monstre, Meurs propose cependant une superbe photographie basée sur le clair-obscur et la lumière diégétique pour rester dans un soupçon de réalisme, et en même temps placer les personnages dans un espace qu'ils créent par eux-mêmes, générant de ce fait une tension dramatique assez inouïe. Dommage, encore une fois, d'avoir effectué ce "All-in" cinématographique pompier en fin de film pour trancher définitivement sur le mystère du film. 

LA NOTE DE TANGUY


3 PERSONNAGES QUI ONT UN CUL A LA PLACE DE LA TÊTE ET DEMI/5



REDIFFUSION DE MEURS, MONSTRE, MEURS LE 15 SEPTEMBRE PROCHAIN A 16h AU FORUM DES IMAGES. SORTIE SALLES PRÉVUE EN JANVIER 2019.

Et c'est ainsi que s'achève cette première courte journée de l’Étrange Festival. Si les films d'aujourd'hui s'avéraient intéressants, on espère de tout cœur que la suite sera encore meilleure. L'animation révèlera peut-être, une fois de plus, les petites bites qui sommeillent en nous...


P.S: l'Étrange Festival se déroule toujours jusqu'au 16 septembre 2018 au Forum des Images de Paris, à partir de 14h, et les tarifs sont de 7 ou 8€ en moyenne. N'hésitez pas à venir partager des émotions ou des sensations fortes devant des films, parfois excellents, mais dont certains ne verront peut-être jamais le jour dans les salles françaises !

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