UN JOUR ÉTRANGE #7 - DU BETAIL EN CRISE TEMPORELLE


Chaque jour du 5 au 16 septembre, D'un Ecran à l'Autre fait un point sur les différents films présentés hors et en compétition, à l'occasion de la vingt-quatrième édition de l’Étrange Festival. Au programme aujourd'hui: Arnold Schwarzenegger au temps des seigneurs, et une fable homosexuelle sur fond de physique quantique. Ça vous semble étrange ? Tant mieux.



LE BERGMAN COCAÏNÉ DU JOUR: Realtors, Adilkhan Yerzhanov, 2011 : 



Au milieu de tous ces nouveaux films, il était impossible de passer à côté de la rétrospective du réalisateur kazakh Adilkhan Yerzhanov. Surprise du dernier festival de Cannes avec La tendre indifférence du monde, Yerzhanov reste dans ces terres avec Realtors, son premier film. Une œuvre complètement barrée, sorte de voyage initiatique dont certaines idées narratives rappellent Le Septième Sceau de Ingmar Bergman, mais enveloppée de voyage à remonter le temps, prophétie morbide et Terminator de James Cameron. Vous avez bien lu. Si l’entreprise a du mal à savoir parfois quoi raconter, notamment dans son montage alterné lourdingue et des thématiques vite expédiées, il serait malhonnête de dire que Realtors ne se révèle pas drôle : de nombreux comiques de dialogues ou de gestes, proches du burlesque d’antan, parsèment le métrage, lui donnant une certaine authenticité et rompant avec l’austérité souvent clichée du cinéma d’Europe de l’Est. Une œuvre mineure donc, mais dont l’écriture des personnages, surtout le binôme principal, sent très fort les prémices de la carrière du jeune réalisateur.

LA NOTE DE TANGUY:

3 BLAISE MATUIDI RÉFLÉCHISSANT AU CHEMINEMENT EXISTENTIEL DE SA PROPRE VIE/5




LA SPIRALE INFERNALE DU JOUR: Invasion, Shahram Mokri, 2018





Deuxième film à sortir cette année et présent à l’Etrange qui propose un concept de plan-séquence unique. Mais, au contraire d’Utoya, 22 juillet, dont la mécanique se base en temps réel, Invasion du réalisateur iranien Shahram Mokri propose lui une déformation temporelle en narrant la reconstitution d’un meurtre sur 1h40. Ce serait mentir que de dire que la mise en scène n’est pas millimétrée : fourmillant de détails en arrière-plan à chaque répétition de mouvements, Invasion a le mérite d’être un tour de montagnes russes dont on aime se perdre pour mieux en ressortir sa thématique imposante sur l’homosexualité et la vengeance vis-à-vis de ces personnes mal perçues. Seulement, là est le problème : le film ne se repose que sur des personnages-concepts, dont il est impossible d’avoir une quelconque émotion. Il devient dès lors plus préoccupant de comprendre l’intrigue que d’avoir un semblant d’empathie pour Ali, le protagoniste. Ajoutez à cela la vacuité thématique, pourtant imposante comme dit plus haut, puisque Mokri se contente de répéter inlassablement son message sans jamais en bifurquer, en trouver une autre alternative, mais sans jamais oser le fatalisme pour étayer son propos. De plus, son concept de base – un univers entre ténèbres et la Terre avec conflits immigrationnistes au cœur d’une affaire de meurtre – ne trouve son sens qu’en fin de métrage, par une séquence malheureusement mal incluse dans le récit et qui plus est vidé auparavant de toute émotion. Une sacrée performance de direction d’acteurs au service de pas grand-chose, en somme.


LA NOTE DE TANGUY:

1 BLAISE MATUIDI RÉFLÉCHISSANT AU CHEMINEMENT EXISTENTIEL DE SA PROPRE VIE ET DEMI/5



Et c'est ainsi que s'achève cette courte journée de l’Étrange Festival. Si les films d'aujourd'hui s'avéraient intéressants, on espère de tout cœur que la suite sera encore meilleure. Après, on va pas dire non plus que croiser un psychopathe en quête d'un cartel fermier va franchement nous faire rire...


P.S: l'Étrange Festival se déroule toujours jusqu'au 16 septembre 2018 au Forum des Images de Paris, à partir de 14h, et les tarifs sont de 7 ou 8€ en moyenne. N'hésitez pas à venir partager des émotions ou des sensations fortes devant des films, parfois excellents, mais dont certains ne verront peut-être jamais le jour dans les salles françaises !

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